Les apparences sont trompeuses, dit-on...

Je suis du genre discrète et très calme. Je n'aime pas m'énerver parce que dans ces moments-là, je ne me contrôle pas. Je ne perds pas facilement mon sang-froid mais lorsque ça arrive, je ne sais pas de quoi je suis capable. Je dois avouer que je n'ai pas vraiment eu l'occasion de pouvoir m'amuser, avec mon père qui m'inculquait la discipline et l'ordre. Du coup, j'ai gardé beaucoup de ses principes. Je ne suis pas du genre à faire la fête, à boire ou à fumer. Mais j'aime m'amuser quand même. J'aime rire , embêter ceux que j'aime. Je ne suis pas très féminine, enfin je fais des efforts quand même. Je me coiffe, je me maquille. Peut-être pas autant que d'autres filles, mais c'est déjà ça, pas vrai ? Enfin bref, je suis du genre ordonnée et malheureusement pour mon entourage, je suis du genre autoritaire. J'aime contrôler ce qui se passe, que ça se déroule comme je le décide. Mon père m'a apprit à ne plus redouter qui que ce soit mais à ce qui paraît, j'en suis devenue téméraire.

Si je devais vous raconter mon histoire... Je commencerais sûrement par vous prévenir. Ne vous attendez pas à lire une histoire d'amour ou un conte de fées. Ma vie n'est pas pour autant un drame mais je pense comme tout le monde j'ai eu des hauts et des bas.

Je suis née à Chicago. Mon père, Daniel, était militaire, souvent en déplacement, je le voyais très rarement. Ma mère, Phyllis, était archéologue. Elle était passionnée par son métier. Malgré leurs métiers bien différents, mes parents avaient trouvé un terrain d'entente pour que l'on soit réunis le plus souvent possible. Le plus souvent, j'étais avec ma mère, nous voyagions au gré de ses découvertes. Elle m'a transmis sa passion pour l'histoire, son amour pour ce qui est ancien. Lorsque mon père nous rejoignait, il était très autoritaire mais en même temps nous jouions ensemble. Il m'apprenait à me défendre lorsque ma mère avait le dos tourné. Elle détestait la violence du coup, même l'autodéfense la dérangeait.

Malgré les nombreux voyages, mon enfance se passa dans le plus grand... Enfin jusqu'à ce que j'eus dix ans... Un soir, lorsque ma mère rentra, je vis ses yeux rougis et gonflés par les larmes. Ma gouvernante s'approcha de ma mère. Mais elle ne voulait pas parler devant moi. Elles allèrent donc s'enfermer dans la chambre de maman. C'est là que je découvris que ma mère avait reçu un appel de l'avocat de papa, il demandait le divorce... C'est là que tout bascula. Papa était au Maroc mais la distance ne l'empêchait pas de briser notre famille... Maman se mit à boire, petit à petit, elle sombra dans une dépression. J'avais beau tenter de la faire sourire, rien n'y faisait ! Maman avait fait tarder les choses pour le divorce si bien que ce fut deux ans plus tard que le divorce fut prononcé. Maman m'abandonna... Elle se laissa tomber dans un gouffre sans fin, celui de l'alcool. Heureusement, ma gouvernante continuait de prendre soin de moi, mais ma mère avait totalement abandonné... Jusqu'au jour, où elle mit fin à ses jours... Je n'aime pas parler de ce jour où je suis revenue de l'école, me demandant si Maman avait fini par revenir... Ma gouvernante m'annonçant que Maman était partie pour de bon... La police et les secours déambulant chez moi...

Quelques mois plus tard, j'étais allongée sur mon nouveau lit, à Paris, chez mon père. Depuis la mort de Maman, il m'emmenait partout avec lui. Dallas, Londres, Paris... Je n'avais pas le temps de m'habituer à ma nouvelle chambre que je déménageais déjà. J'en voulais à Maman... Elle m'avait abandonné avec Papa qui me traînait partout sans réellement faire attention à moi... Personne ne voyait à quel point, je souffrais de la mort de ma mère.

Un jour, mon père ayant une journée de libre décida de la passer avec moi. Au début, j'étais très réticente. Froide, je ne répondais pas à ses questions, en fait, je ne voulais pas lui parler. Mais Papa était têtu, il décida alors de m'aider à me défouler... Il m'emmena dans une salle de sport et m'obligea à cogner dans un sac de frappe. Au début, je touchais le sac, je ne voulais pas lui obéir mais selon lui "on va dormir là si tu cogne pas dedans !". Alors, je donnais un petit coup, il m'ordonnait de cogner plus fort. Plus il insistait, plus fort je cognais jusqu'à craquer et à défouler sur le sac de frappe tout en pleurant. Au bout de quelques minutes, je me laissais tomber à bout de force, en larmes. Mon père me prit dans ses bras et me cajola jusqu'à ce que je me calme.
Ca devint une habitude, après les cours, mon père m'emmenait courir jusqu'à la salle de sport. Là-bas, il m'entraînait à différents sports. Mon père avait toujours voulu avoir un garçon. Je l'avais entendu le dire une fois à ma mère. Du coup, je comprenais pourquoi il était heureux de voir que je partageais sa passion pour les sports de combat.
C'est ainsi que je devins de plus en plus proche de mon père. Il était mon meilleur ami, il me protégeait et me conseillait. Du coup, je n'étais pas du genre super féminine, le maquillage et le shopping ne m'intéressait pas. J'étais la bonne copine et ça m'allait.

Tout allait plutôt bien. Je voyageais toujours autant avec mon père et son travail. J'avais appris à ne pas m'attacher aux gens. Je savais bien que je ne le reverrais pas. Malgré ça, je n'étais pas totalement solitaire. Mais voilà, lorsque l'on retrouva le sol américain, tout ce que mon père avait construit pour nous deux éclata !
Un jour que je rentrais du lycée, je fus interpellée. C'était mon ancienne gouvernante, celle qui me gardait quand je vivais avec ma mère. Papa m'avait dit qu'elle avait démissionné car elle ne voulait plus voyager... Carla, ma gouvernante (enfin ancienne gouvernante), m'expliqua alors la véritable raison de sa démission... Si mon père avait demandé le divorce, c'était uniquement parce qu'il voulait retrouver sa vie de célibataire coureur de jupons... Il trompait ma mère depuis des années. Maman le savait mais fermait les yeux sur ses frasques parce que son amour était trop fort pour qu'elle envisage la séparation. Une fois le divorce prononcé, maman ne voulait pas vivre sans lui... Elle m'avait oublié et n'avait pensé qu'à sa douleur... Je lui en voulais encore plus même si... Dans un sens, je comprenais son mal-être... Mais je n'en voulais pas à papa... Non, je le haïssait. Comment avait-il pût nous faire ça ?
Une fois à la maison, je lui demandais des explications. Au début, il tenta de nier puis de chercher des excuses pour enfin avouer... Dégoûtée, je pris une décision, partir loin de cet homme. Ce n'était qu'un menteur, il allait me blesser moi aussi, je le savais d'avance !

Dès que j'obtins mon diplôme, je quittais mon père et ses mensonges. Comme nous étions dans le Minnesota, je changeais d'état pour le Dakota du Nord, direction Walhaven. Voilà deux ans que j'y vis. Je fais des études en civilisations antiques. Et vu que je ne veux rien à avoir avec mon père... Je paye mes études et mon appartement comme une grande. Comme je me débrouillais toujours aussi bien dans l'art du combat, je voulais tenter de devenir prof mais n'ayant pas de diplôme, je dus renoncer. Mais le patron de la salle me parla de combats dans des entrepôts abandonnés qui payaient super bien... Et voilà que je m'y embarquais. J'affrontais des mecs, des meufs sans peur. J'avais beau en vouloir à mon père, il m'avait apprit à ne jamais avoir peur de mon adversaire...